• Le champ était couvert de traces de sabot qui ressemblaient ni  des bouches avec des lèvres énormes qui vous happaient les pieds quand vous marchiez dedans et il fallait beaucoup d’efforts pour se dégager. Dans un pré il y avait des vaches avec des tâches noires, blanches et violettes. L’huile qui imbibait la terre faisait briller les couleurs de sorte qu’elles reflétaient toujours d’autres nuances en fonction de l’angle d’observation. Et personne ne se salissait, cette glaise colorée glissait sur leur peau sans guère laisser de traces, sauf peut-être des vagues traînées qui s’estompaient rapidement et finissaient par disparaître. L’herbe possédait des dizaines de nuances allant du vert foncé au vert cru et elle était parsemée de fleurs dorées, violettes et rouges qui répandaient un gros pollen jaune. Des nuages étincelants de pollen en poudre flottaient au-dessus des herbes grasses, comme tracées par des pinceaux trop chargés. Ils se posèrent tous les trois dans l’herbe, près d’un bosquet de lys aux corolles serties de longues langues chargées de pollen, et lorsque les enfants s’approchèrent pour les sentir, les lys leur léchèrent le visage en y laissant des traces d’un jaune foncé.

    Dans la Cité des Arcs-en-ciel, la moindre ruelle était occupée par un peintre occupé ni  repeindre un mur où ni  une fenêtre, pour les mettre en harmonie avec les objets et les couleurs qui les entouraient. Et ils se mirent eux aussi ni  peindre les murs blancs d’une ancienne citadelle, chose qui les captiva entièrement et qui leur prit beaucoup de temps.

     

    Cependant, la cigogne restait perchée sur un mur, bien entendu, et analysait tout. La nuit, ils dormaient tous dans une chambre remplie de jouets, sur des matelas faits de nuages.

    Un beau jour ils s'installèrent par terre et commencèrent ni  empiler des cubes pour construire toutes sortes de maisons, colonnes et architraves ; ils utilisaient de plus en plus de cubes et les murs grandissaient de plus en plus, ainsi se retrouvèrent-ils ni  construire un palais avec plein de terrasses ; ils se promenèrent dans les escaliers, s’admirèrent dans les miroirs qui couvraient les murs et, soudain, alors qu’ils galopaient dans une enfilade de salles, ils s’aperçurent que Maman n’était plus avec eux.

     

     
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