- Baruc, il aboie sans cesse, comme un enragé…

- Au diable, grommelai-je en m’emmitouflant dans la couette. Mais mon ouïe fut frappée par l’aboiement du chien. Hm ! Je me levai et je ressortis avec la lampe et le gourdin. Le chien était préoccupé par la remise ni  outils sous laquelle il y avait une cave remplie de carottes et de choux. Je fis un tour dans le verger, longeai les c’ôtures, jetai un œil dans les cours voisines, puis, je retournai dans la maison. Alma était derrière la fenêtre, ni  scruter l’obscurité.

- Ce sont des lapins, soupira-t-elle, je les ai aperçus en train de sautiller sous les arbres.

Je me recouchai et pendant que le lit s’enfonçait avec nous toujours plus profondément dans le monde du sommeil, j’entendais les aboiements de Baruc. Nous tombions de plus en plus et les sons s’estompaient, ils restaient lí -haut et nous finissions par flotter sur des eaux tranquilles entourées par de hautes murailles en coton. De l’autre côté se livrait un combat muet, qui ne pouvait plus nous toucher. Lorsque nous nous réveillâmes, le matin d’hiver pointait ni  nos fenêtres et le réveil indiquait sept heures.

Clest l’heure où les poules attendaient d’ordinaire qu’on leur apporte leur picotin en guettant ni  travers la grille métallique recouverte de tiges séchées. Mais lí , il n’y en eut aucune.

Juste le coq monté sur le poulailler, qui trompetait ni  tout va en remuant les ailes. Je sortis de chez les poules et j’appelai Baruc de toutes mes forces, je courus comme un fou de ci, de lí , puis, je rentrai dans la remise ni  outils où je me figeai. Je gardais dans cette remise une vieille charrette abandonnée par l’ancien propriétaire. Elle n’y était plus. Je fis le tour de la maison et je me heurtai ni  Alma qui courait de son côté, en cherchant, comme moi. Nous allâmes ni  l’écurie : l’âne avait disparu. Et Baruc aussi.
Nous retournâmes dans la maison pour appeler la police et le coq nous suivit. Il monta sur la table, au milieu de la cuisine, et se mit ni  battre des ailes et ni  vociférer, bouillonnant d’indignation ; et comme j’étais au téléphone avec le poste de police et qu’on me demandait des tas d’éclaircissements, je lui posai le combiné sous le bec et je sortis pour me plaindre de mes ennuis ni  mes deux voisins.

- Et comme ça, ton chien a disparu, dit le père Gabi avec un petit éclat goguenard dans les yeux.