- Bah, le chien ce n’est pas une perte, fit le père Samu avec un geste brusque, en rajustant son bonnet, mais l’âne est les poules… c’est quand même dommage !

Le père Gabi s’en alla vers le champ me fit signe de le suivre. Il me montra les traces des roues en bois de la charrette. « Clest par lí  qu’ils sont repartis. » Et il tendit le bras vers les formes imprécises qui bordaient l’horizon. Soudain je vis un point noir et blanc se détacher sur une bande de brouillard. Baruc ! Il évita une mare couverte de roseaux et grandit peut-í  peu sous nos yeux. Le père Gabi poussa un « Dieu nous protège ! » et disparut dans sa cour. Lorsque Baruc s’approche de cette façon, j’ai toujours le réflexe de faire un saut de côté, parce que s’il me heurte, il me renverse. Le saut ne me réussit pas toujours et cette fois-ci je le ratai. Le chien me tomba dessus et je m’écroulai.

Je l’attrapai par le collier, je lui mis sa laisse et nous répartîmes dans la direction d’où il était venu. Baruc tirait sec. Après avoir traversé trois villages, il s’arrêta devant une borderie et se mit ni  aboyer. Je frappai et deux gamins m’ouvrirent. Clétaient eux les coupables. Ils avaient volé le chien pour le vendre contre une grosse somme d’argent. Les poules et l’âne étaient pour eux. Quant ni  la charrette, qui avait pour moi la valeur de l’objet ancien, ils voulaient la mettre au feu

Ils avaient attaché Baruc et l’avaient enfermé dans une grange mais il avait rongé son lien et s’était échappé par une ouverture. Ils ne s’y attendaient pas. Je ne sais pas pourquoi, mais il me sembla qu’il manquait quelque chose. Vous n’étiez que deux ? 

- Non, Zsolt, Sarpe, et Petru sont au dispensaire.

Je leur donnai un peu d’argent pour qu’ils pansent leurs blessures, je pris mon âne, ma charrette et mes poules et je rentrai chez moi, avec Baruc attaché ni  la flèche. En approchant de la maison, j’aperçus dans la cour un policier occupé ni  se disputer avec le coq. Alma devait sûrement être cachée dans la maison, derrière les rideaux, ni  savourer la scène ; je la connais bien.
Jlarrêtai la charrette et j’attendis qu’il s’en aille.