- Qulest-ce que tu racontes, andouille ? bougonna le garçon sur un ton hargneux copié sur son père.

- Qulest-ce que tu as dit ? m’écriai-je avec colère en l’attrapant par les oreilles. Mais ni  l’instant même, toutes les bufflonnes levèrent le museau de l’eau ou de la vase et s’apprêtèrent ni  venir vers moi. Le moment n’était pas ni  la plaisanterie. Je tapotai la tête de l’enfant et les bêtes se remirent ni  boire, tout en gardant leurs yeux globuleux et malveillants braqués sur moi.

- Dis-moi s’il te plaît, qu’est-ce qui se passe ici ?

Llenfant se tut un certain temps, en me regardant par en dessous aussi méchamment que possible.

- Regarde ce que je te donne, dis-je pour tenter de l’amadouer. Et je sortis de mon giron une petite poule en terre cuite émaillée avec des couleurs vives, je descendis au bord de la rivière, la remplis d’eau et je me mis ni  souffler dedans pour la faire piailler et glouglouter. Clétait au-dessus de ses forces. Il prit la poulette et me confia :

- Les bufflonnes que tu emmènes paître aujourdlhui sont des filles que les villageois ont punies parce qu’elles n’ont pas voulu épouser ceux qui ont choisi leur polenta.

- Et elles n’en font plus ?

- Si, mais elles la font la veille au soir, alors le lendemain leur polenta est froide et dure et c’est rare que quelqulun en choisisse une, car tout le monde préfère les polentas chaudes qui fument encore. Et celles-ci ne se marient plus, c’est leur punition

Donc, cela pouvait également se passer de cette manière ! Nous rentrâmes au crépuscule, avec le troupeau qui nous suivait docilement, sans pour autant cesser de me fixer avec des yeux farouches, et le garçon qui sifflait et glougloutait dans sa poulette, si fort qu’on pouvait l'entendre jusqulí  l’autre bout de la valée. Nous arrivâmes et nous prîmes place ni  table, le garçon tout folâtre et moi tout pensif, ruminant l’histoire avec les bufflonnes pas mariées.
Le lendemain, les filles ni  marier se réveillèrent avant l’aube et préparèrent leur polenta de noces, comme on l’appelait dans le coin.

Je sortis pour me laver au puits, avec précaution, histoire de ne pas retomber dans la bourbe de la bête. Elle ne semblait pas être lí , mais en avisant de plus près l’étendue de la mare, je crus apercevoir ses cornes qui pointaient.