• Un soir, aussitôt passé l’angle de la rue, j’aperçus la tête blanche de Baruc fourrée entre les piquets de la c’ôture et l’ombre d’un villageois qui faisait un grand détour pour l’éviter. Lorsque nous le trouvions libre, nous nous demandions si nous n’allions pas nous retrouver, un de ces jours, avec une plainte pour morsure ou si le père Samu et le père Gabi étaient bien tranquilles chez eux, au coin du feu. J’ouvris les portes pour ranger la voiture dans le garage ; Baruc m’aida en la poussant lui aussi, levé sur ses pattes arrière. Dans une stalle, je gardais un âne offert par Samu. Je lui donnai du foin et j’attachai le chien, pendant qu’Alma fourrait de la paille dans le poulailler, pour que la volaille n’ait pas froid. Il faisait un froid glacial ; on aurait dit que l’air allait se solidifier et se changer en métal. Nous nous dirigeâmes vers la maison. J’appelai mon chat, je fis du feu, nous mangeâmes un peu de pain avec du fromage et nous nous mîmes au lit.

    Clétait si agréable de se reposer au chaud par un froid pareil, pendant qu’un chien géant, farouche, montait la garde dans la cour ! Or, peu de temps après, j’entendis Baruc aboyer avec empressement. Je connaissais son aboiement joueur, je savais quand il donnait de la voix avec indifférence, juste pour faire son devoir, pour signaler des passants, je connaissais son aboiement d’envie quand il voyait le matou lui passer sous le nez, hors de portée de sa chaîne, je savais comment il aboyait, avec impatience et joie, en nous voyant arriver, et comment il faisait quand le père Samu ou le père Gabi traversaient leurs propres cours, quand l’épervier se posait

    sur la tuile ou que les hamsters sortaient de sous la resserre ni  outils, mais cette fois-ci c’était l’aboiement chargé de haine réservé aux intrus.

    Je me soulevai un peu en écoutant avec attention. Non, ce n’était pas juste une impression, c’était bien ce ton-lí . J’attrapai une lampe torche et le gourdin que je gardais derrière la porte et sortis discrètement, en chaussettes, en guidant le faisceau de lumière sur les aboiements du chien. Baruc vint vers mois, puis il courut aussi loin que sa chaîne le lui permettait, vers le fond du jardin. Un gros hérisson se promenait dans les herbes gelées.

    Je le poussai sur une pelle et je l’emmenai dans la maison pour qu’Alma le voie. Nous le retournâmes des tous les côtés, puis, je le ramenai dans les buissons.

    Je m’endormis aussitôt mais tout ni  coup Alma me secoua vivement. Quoi ? Qulest-ce qui se passe ? demandai-je.

     

     
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